Chacun sa personnalité et chacun son parcours. Pour certains, la ligne droite n’est pas une option pour de multiples raisons. Mais tous auront besoin d’une bonne dose de courage lorsqu’ils décideront de retourner à l’école ou encore de se réorienter. De nombreux étudiants, jeunes et moins jeunes, se tournent vers la Faculté de l’éducation permanente (FEP) de l’Université de Montréal pour étudier.
Cette faculté offre 25 certificats dans des programmes aussi variés que la communication, la gestion, l’intervention, la santé et même un programme d’études personnalisées. La FEP accueille des étudiants qui possèdent déjà un diplôme collégial, mais aussi sur la base de la reconnaissance des acquis. C’est la grande force de la faculté : reconnaître les compétences acquises tout au long de la vie professionnelle.
Toutefois, se réhabituer, s’adapter au monde universitaire ou l’apprivoiser peut parfois donner quelques maux de tête. Malgré tout un bagage d’expériences, il se peut que celles-ci ne correspondent pas aux exigences de la poursuite d’un diplôme universitaire. C’est ici que le programme ACCES-FEP entre en jeu.
Ce programme est constitué d’une banque de cours qui permettent d’acquérir des connaissances et des compétences pour poursuivre ensuite des études dans un programme de la FEP. Les cours suivis seront différents d’un étudiant à l’autre puisqu’ils s’adaptent aux besoins de chacun. Un étudiant s’inscrira à des cours de méthodologie obligatoires comme l’élaboration d’un projet de recherche, les pratiques de résolution de problèmes et le cours portant sur les questions actuelles dans son domaine d’études. On offre aussi des cours de perfectionnement complémentaires tels que l’entraînement au travail en équipe, le traitement informatique des textes ou encore la résolution de conflit. En tout, l’étudiant aura le choix parmi une douzaine de cours. Selon ses besoins, il en choisira un ou deux ou peut-être plus.
Une formation toute particulière
Carine Nassif-Gouin est non seulement la responsable du programme, mais c’est elle qui en a développé le contenu : « Il fallait concevoir un programme adapté à la réalité des étudiants de la FEP. Oui, ils ont un bagage, ce sont des étudiants adultes, il faut donc valoriser leurs expériences et leurs connaissances, mais il faut aussi les amener, selon leur rythme, à comprendre les exigences universitaires. » Telle est la véritable mission du programme ACCES-FEP.
Dans la grille des cours, la directrice a jugé nécessaire de mettre l’accent sur les cours de méthodologie : « Ça outille l’étudiant ; il traverse mieux ses programmes, il les réussit mieux. » Les étudiants qui arrivent avec leur expérience de travail dans un milieu donné et qui veulent faire un certificat dans ce même domaine croient souvent qu’il suffit d’avoir cette expérience pour réussir ses cours : « Ça peut être vrai. Il y a des gens qui sont autodidactes et qui sont doués d’abstraction et d’esprit critique, mais je dirais que c’est une minorité », rappelle Carine Nassif-Gouin.
Les cours d’appoint existaient avant l’entrée en poste de la nouvelle directrice du programme. Elle a donc voulu se faire une idée globale et s’est lancée dans une enquête qui portait sur 350 dossiers répartis sur une dizaine d’années. Malheureusement, les conclusions de cette étude ont démontré que moins de 10 % des étudiants accédaient à un programme de certificat après avoir suivi des cours d’appoint. Depuis l’automne 2013, ACCES-FEP a vu passer plus de 300 étudiants et, parmi eux, 75 % ont pu poursuivre avec un certificat. De ces 75 %, on en retrouve 95 % qui réussissent dans leur certificat.
Ce programme constitue une rencontre entre les attentes de l’université et les besoins de l’étudiant. Par définition, il est à profil variable, mais constitué de trois cours de méthodologie obligatoires : « Ces cours, indépendants les uns des autres, permettent à l’étudiant, sous des angles différents, de travailler les mêmes compétences », explique Mme Nassif-Gouin, qui ajoute que cette façon de faire permet « d’amorcer le développement de la pensée critique, scientifique et réflexive. En général, ça les stimule puisqu’ils s’en vont vers une autonomisation et ils peuvent choisir la matière qui leur est proche ». Tous les travaux seront évidemment de niveau universitaire. Ils mettront en contact les étudiants avec les études de cas, les fiches de lecture. « On va les rejoindre avec des sujets d’actualité. »
Parmi les lacunes à combler, on trouve d’abord et avant tout le manque de lecture : « Il y a beaucoup d’étudiants qui n’ont jamais lu un article scientifique au complet. C’est le premier défi : leur faire réaliser qu’à l’université on lit ! » L’autre lacune, c’est la capacité d’abstraction : « Les étudiants sont cohérents et savent très bien expliquer comment partir d’une théorie et l’appliquer, mais la conceptualisation reste pour eux un défi parce qu’ils ne s’attendaient pas à réaliser un certain type de travail universitaire. Il y a toute une réflexion à faire grandir. »
Carine Nassif-Gouin entend souvent des étudiants se féliciter d’être passés par ce programme qui leur a fait réaliser que les exigences universitaires ne sont pas celles auxquelles ils s’attendaient. ACCES-FEP a permis à certains étudiants de réussir un bac par cumul et à d’autres de s’inscrire à la maîtrise. Nécessaire et indispensable, il offre une seconde chance, une remise sur rail qui permet d’aller beaucoup plus loin.
Marie-Hélène Alarie