Érick Brouillette est passé d'une période scolaire délicate à une carrière fructueuse. Il a su se réinventer et retrouver confiance en lui pour obtenir un baccalauréat par cumul à la Faculté de l’éducation permanente (FEP) de l’Université de Montréal. Attachez vos ceintures et découvrez le voyage inspirant d’Érick et les leçons qu'il en a tirées.
Érick a connu un parcours scolaire sensible. À quatorze ans, il abandonne l'école quelque temps, une décision qui aurait pu sceller son sort. Toutefois, il ne se laisse pas abattre et en septembre de la même année, c’est courageusement qu’il intègre un programme pour élèves en difficulté, une initiative novatrice qui lui permet de rejoindre une classe d’une vingtaine d’élèves de différents niveaux, sous l’encadrement de trois enseignants. Ce cadre lui offre un sentiment de sécurité et de confiance qu'il n’avait jamais ressenti auparavant. « J’avais besoin d'être bien encadré pour trouver une stabilité », explique Érick, pour qui ce moment a été une étape cruciale de sa vie. Il parvient à terminer son secondaire et poursuit ses études au Cégep où il obtient un DEC en sciences humaines. Après ses études au Cégep, il intègre une compagnie aérienne en tant qu'agent de bord après une formation accélérée très intense. C’est avec passion qu'il exerce ce métier depuis maintenant vingt-cinq ans. Son parcours professionnel le conduit rapidement hors du Québec, plus précisément à Toronto où il réside pendant deux ans, avant de revenir à Montréal, à l’aube du XXIe siècle, pour poursuivre sa carrière chez l’employeur aéronautique canadien.
Un rêve prend son envol
En 2012, Érick fait face à un événement bouleversant lorsqu’un membre proche de sa famille entre en désintoxication. Cette expérience lui ouvre les yeux sur l’importance des intervenantes et des intervenants dans le processus de guérison. « Quand j'ai vu le personnel intervenant interagir avec les patients, ça m'a vraiment interpellé. Je me suis informé sur la voie à suivre et les études à faire pour travailler en relation d’aide », explique Érick, qui à l’époque, ressent un fort désir de contribuer à cette dynamique. Cette révélation le pousse à rechercher des formations adaptées. Un virage à quatre-vingt-dix degrés dans son parcours professionnel.
Cependant, il se rend vite compte que pour réaliser son nouveau défi, il doit surmonter ses appréhensions. « J’avais peur d’aller à l’université parce que j’avais peur de l’échec », confie-t-il. C’est en parlant de ses aspirations autour de lui qu’il reçoit un conseil dont il se souvient encore. C’est sa cousine, directrice d'école, qui lui prodigue des encouragements avec une phrase bien précise. « Je m’en souviens très bien, elle m’a dit qu’il ne fallait pas forcément être un génie pour aller à l'université, sinon elles seraient vides », se remémore Érick en souriant. Cette phrase résonne alors en lui comme une véritable révélation et lui donne la confiance nécessaire pour s’inscrire à l’Université de Sherbrooke, où il entame un certificat en toxicomanie (NDLR : maintenant connu sous le nom de certificat en intervention en dépendances).
Avec une détermination sans faille, il complète ce certificat en un an et demi. Ce succès lui ouvre des portes et lui fait prendre conscience de son potentiel. « Jamais je n'aurais pensé réussir une année universitaire dans ma vie », confie-t-il avec une satisfaction palpable.
Un certificat qui en appelle d’autres
Après avoir obtenu son premier certificat, Érick continue de travailler en tant qu’agent de bord et participe à des conférences et des études en relation d’aide. Il rencontre des personnes du milieu qui décuplent sa motivation. Fort de son premier succès, Érick décide de continuer son périple universitaire et poursuit des études en entamant le certificat en victimologie de la FEP en 2018, motivé et soutenu par Isabelle Parent notamment. « J'ai immédiatement constaté l'intérêt marqué d'Érick pour la victimologie et son énorme potentiel, qui alliait déjà des connaissances dans le domaine et de l'expérience clinique, déclare Isabelle Parent, enseignante à l’époque, qui endosse désormais le rôle de responsable du programme de victimologie à la FEP. Son cheminement atypique est d'une grande richesse et représente un atout pour les personnes victimes avec lesquelles il travaille et l'ensemble des milieux en victimologie. »
Cette période est marquée par une immense volonté d’avancer. Il obtient son deuxième certificat et enchaîne cette fois-ci rapidement avec le certificat en criminologie, toujours à la FEP, consolidant ainsi ses connaissances et son expertise. Érick raconte : « Au départ, je n'avais pas l'idée d'avoir un baccalauréat, c'était loin de ce que je pouvais imaginer. Mais en cumulant ces trois certificats, j'ai finalement obtenu mon grade de baccalauréat. De plus, je devais tout de même me dépêcher parce que j’approchais dangereusement du délai permis pour avoir un baccalauréat par cumul de certificats. » En effet, le délai entre l’octroi du premier et du dernier diplôme pour compléter un baccalauréat par cumul ne peut dépasser dix ans.
La suite ? Pour Érick, les études sont comme les voyages, une fois qu’on y prend goût, on ne veut plus s’arrêter. Aujourd’hui, il poursuit sur sa lancée avec le microprogramme de deuxième cycle en justice et victimes et le programme d'actualisation de formation en criminologie tous les deux suivis à l’UdeM, un choix qui démontre sa volonté d'approfondir ses compétences tout en s’impliquant dans la justice réparatrice, avec pour objectif d’intégrer l’ordre professionnel des criminologues du Québec (OPCQ). Il s'engage également dans des activités de bénévolat, animant des rencontres entre victimes et délinquants, une expérience qui lui permet de vivre des moments forts et de renforcer son désir d’aider les autres.
Dix ans, donc. Même douze ans pour Érick qui a commencé son premier certificat à trente-six ans et qui a terminé son dernier à quarante-huit ans. Un parcours empreint de résilience et de détermination, avec pour destination un joli diplôme reçu lors de la collation des grades du mois d’août 2024 !
Les zones de turbulences rencontrées dans son parcours scolaire initial n’ont pas été une fin en soi, mais plutôt un décollage vers des réussites inattendues. Sa carrière en qualité d’agent de bord, qu’il poursuit toujours, et son engagement dans le milieu universitaire illustrent que, quel que soit le point de départ, il est toujours possible de réorienter sa vie. Érick aspire à enseigner et à transmettre son savoir, conscient que son histoire peut inspirer d'autres personnes à croire en leur potentiel. Son message est clair : peu importe les obstacles, il est possible de tracer son itinéraire vers la réussite, une étape à la fois.
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