Avocate en droit civil et social en Belgique, Miliana Almazor avait une carrière professionnelle toute tracée outre-Atlantique. Pourtant, par amour pour le Québec, elle a décidé de la poursuivre ici, à Montréal, en acceptant une condition inévitable : reprendre des études en droit.
Miliana Almazor a visité le Québec en 2017. Une simple et banale virée touristique, dans le but de souffler un peu et de s’échapper du quotidien. Séduite, elle s’imagine venir vivre ici. Et puis, le rêve commence à prendre de plus en plus de place. « Le Québec est magnifique, j'aime le paysage et j'aime ses maisons colorées, de styles différents avec l’héritage français et anglais, note Miliana. Quand je suis arrivée à l'aéroport de Montréal, j'ai été surprise de voir beaucoup de personnes d'origines différentes qui travaillaient ensemble. C’est ce qui a déterminé mon désir de concrétiser ce rêve. » Née en Haïti, mais résidente belge depuis ses 18 ans, Miliana est avocate de formation, plus précisément dans le droit civil et social. Elle a une situation plutôt privilégiée, mais son désir d’expatriation demeure ardent. « J'étais avocate au Barreau de Bruxelles, mais au départ, je n’ai pas décidé de m’installer en Belgique, j’ai juste suivi mes parents, explique Miliana. Mon rêve était de vivre au Québec, donc cela n'a pas été un déchirement de tout arrêter en Belgique pour venir ici », se souvient la jeune avocate, qui réalise finalement ses ambitions en 2021 lorsqu’elle immigre au Québec.
Pourtant, malgré sa formation universitaire, son diplôme en droit et son titre d’avocate en Belgique, elle ne peut pas exercer sa profession au Québec, car le droit n’est pas le même. En effet, elle doit suivre le programme d’actualisation de formation en droit de la Faculté de l’éducation permanente (FEP) de l’Université de Montréal pour accéder aux cours requis par les ordres professionnels du droit québécois et ainsi pouvoir exercer à nouveau le droit, une fonction réservée aux membres du Barreau et de la Chambre des notaires du Québec. « Je faisais des recherches sur l'équivalence de diplôme et je suis tombée sur le programme d’actualisation de formation en droit de la FEP. C'était parfait parce que ce programme est justement taillé pour les personnes diplômées de l'étranger qui souhaitent obtenir leur équivalence et ainsi accéder au Barreau. »
La bourse et la vie
Ou plutôt, la vie et la bourse. Alors que Miliana vit un rêve éveillé en posant le pied sur le sol québécois, elle ne commence pas tout de suite ce qui était prévu, c’est-à-dire ses premiers pas dans le programme d’actualisation de formation en droit. « Je n'ai pas pu entamer mes études directement quand je suis arrivée au Québec, parce que j'ai appris que j'étais enceinte, explique la jeune mère. J'ai donc commencé le programme d'actualisation en droit en janvier 2023. » Après avoir donné la vie à son deuxième enfant, Miliana se sent prête à commencer sa nouvelle aventure. Le programme d'actualisation de formation en droit peut être réalisé en une année académique ou jusqu’à un maximum de cinq ans. « Mon objectif est de terminer le programme en un an et demi, donc j’étudie encore jusqu’en juin (NDLR, 2024) et ensuite je pourrai passer aux prochaines étapes. » Les prochaines étapes ? Premièrement, c’est l'école du Barreau du Québec. « J’aimerais vraiment enchaîner cet automne, mais on verra parce qu’au-delà des responsabilités familiales, le Barreau c’est un vrai sacrifice financier. » Deuxièmement, elle devra compléter un stage de six mois pour pouvoir être inscrite au Barreau du Québec.
« Un jour, j’ai été informée de l’existence de la bourse de perfectionnement Stephen I. Beck. Quand j'ai postulé, je ne connaissais pas l'histoire de ce monsieur Beck, mais en regardant de plus près, j’ai découvert qu’il était d’origine hongroise, qu’il était donc étranger comme moi. Ça a rendu la chose encore plus fascinante. » En effet, à son arrivée au Québec en 1957, Stephen I. Beck, titulaire d’un doctorat en droit obtenu en Hongrie, ne parle ni anglais ni français et n’a pas les moyens pour repartir de zéro et financer ses études afin d’exercer à nouveau le droit sur sa nouvelle terre d’accueil. Faute de moyens, il se résout alors à faire carrière dans les assurances et ne réalisera jamais son rêve professionnel de reprendre la pratique du droit. Cette bourse est donc offerte en sa mémoire et Miliana ne l’oubliera jamais. « Pour moi, c'est le plus beau cadeau, le meilleur cadeau qu'on pouvait me faire à ce moment-là, parce que j'en avais vraiment besoin, explique-t-elle en laissant s’échapper un sourire radieux. Comme un coup de main, une main tendue pour m'encourager. »
Le chemin du succès : humilité, travail et patience
Aujourd’hui, Miliana a des fourmis dans les jambes, elle souhaite vite retrouver le chemin du Palais de justice et ses fonctions d’avocate. Mais avant cela, elle doit terminer ses études. D’ici là, elle travaille également en tant qu’adjointe au bureau d'aide juridique de Longueuil, ce qui lui permet de se familiariser avec le droit québécois en attendant le Graal. La vie sourit à Miliana, elle le sait et cultive la patience. Tout vient à point à qui sait attendre. « Après avoir reçu cette bourse, ça me donne envie de m'investir encore plus. J'ai encore de grands rêves, c’est comme si la vie me disait « vas-y fonce ! », comme si les planètes s'étaient alignées pour moi. »
La fortune sourit aux audacieux.
Pour en savoir plus sur le programme d’actualisation de formation en droit et la bourse de perfectionnement Stephen I. Beck