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Écoresponsabilité numérique : concilier performance et écologie

Les technologies numériques croissent à une vitesse fulgurante et engendrent des effets importants et significatifs sur l'environnement. Pour répondre à l'expansion rapide et souvent méconnue de l'empreinte environnementale des technologies numériques, et afin de préparer les acteurs du secteur aux enjeux du numérique durable, le Centre de perfectionnement de la Faculté de l’éducation permanente (CPFEP) a mis en place une nouvelle formation et s’est d’ailleurs entretenue avec Cyrille Maltot qui donne la formation sur l’écoresponsabilité numérique, à venir le 5 novembre en ligne.

CPFEP : La formation a été créée dans un contexte où l’on constate que la consommation du numérique est exponentielle, ce qui a des impacts très inquiétants au niveau de l'environnement. Quelle est la place du numérique dans notre quotidien, concrètement ?

CM : Le numérique est une commodité qui est au cœur de notre vie, que ce soit au niveau professionnel ou personnel. Ce secteur occupe une place comme les autres secteurs de l’industrie tels que le bâtiment ou le transport. Il est basé sur des technologies tellement sophistiquées qu'il n'échappe pas à tous les enjeux présents : son empreinte environnementale, sa consommation d'énergie de plus en plus mesurée et très conséquente, son empreinte directe et indirecte, tout ce qui a été nécessaire pour le construire, pour l'utiliser et pour le démanteler. Il a cette particularité que c'est un des secteurs qui croît de façon exponentielle la plus importante, avec un taux d'équipement qui ne fait qu'augmenter dans des proportions incroyables.

CPFEP: À qui peut bénéficier la formation en écoresponsabilité numérique ?

CM : La formation s'adresse aux acteurs dans l'entreprise qui conçoivent, déploient et maintiennent le système d'information (SI). Je peux citer quelques métiers comme le responsable informatique de l'organisation, donc le directeur ou la directrice des systèmes d’information, voire un vice-président TI. Vous avez les architectes de solutions, qui donnent les bonnes directives aux équipes de réalisation et de maintien. Cela étant, vous avez les équipes de développement, de maintenance et celles des exploitants. Il y a plusieurs grandes familles dans l'informatique, la bureautique, les serveurs et les centres de traitement informatique, le monde du réseau, de l'application, du logiciel, puis vous avez ensuite un ensemble de métiers complémentaires avec les chefs de projet, les administrateurs de contenu ou de base de données pour ne citer qu’eux. Tout ce public-là peut venir suivre cette formation pour avoir non seulement une introduction, mais une mise en contexte d'une démarche d’écoconception des services informatiques. Tout passe par le numérique. Le service de messagerie électronique, le site web corporatif, les services numériques liés à la gestion comptable, financière et légale, les services numériques pour la production et les opérations machines par exemple. Implanter une telle démarche d'écoresponsabilité implique toute l'entreprise et tout le monde doit être sensibilisé et mobilisé pour atteindre de meilleurs résultats.

CPFEP: Pouvez-vous nous expliquer le concept de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ?

CM : La responsabilité sociétale des entreprises, qui est connue sous le sigle RSE, est en fait une norme. C’est la norme ISO (International Organization for Standardization*) 26000 qui inclut un numérique responsable et respectueux de l’environnement. Les termes du numérique responsable sont en fixation ces dernières années, au départ, on parlait de Green IT, aujourd'hui on parle plutôt de numérique responsable. Ce qu’il faut retenir c’est que cette norme donne la ligne de conduite à suivre, elle est appliquée pour évaluer l’engagement des organisations en faveur du développement durable. C'est l'ensemble des méthodes qui sont déployées pour que le système d'information ait une empreinte environnementale contrôlée par rapport à des points précis dont on peut faire une analyse environnementale.

C'est très compliqué de mesurer l'empreinte énergétique dans un système d’information, mais ça se fait donc, l’écoresponsabilité, c'est la responsabilité du numérique envers l'environnement. D’ailleurs, je précise que la responsabilité numérique de l'entreprise, ce n’est pas que l'environnement. La sécurité et la protection des données personnelles sont sous la responsabilité numérique de l'organisation.

CPFEP: Dans la formation, vous allez faire référence à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Est-ce que vous préparez les participant(e)s à implanter éventuellement un plan d'action de ce type ?

CM : La formation va les aider à placer l'approche du numérique responsable dans un cadre RSE. Chaque organisation a des contraintes, de plus en plus normées et réglementées en matière de RSE. Quand on fait un bilan carbone, on doit tout inclure, y compris le numérique. Donc la responsabilité numérique des entreprises s'inscrit dans une démarche RSE. Après, il faudra également des actions qui lui sont propres et d'ailleurs l’un des enjeux pour les entreprises, c'est qu’une grande partie des services numériques sont externalisés. Quand vous avez des services qui sont totalement pris en charge à l'externe, vous avez beaucoup moins de capacité à les faire évoluer vers une approche plus écoresponsable. Ça va dépendre du bon vouloir du fournisseur. Donc, comment choisir le bon fournisseur ? Il existe une stratégie numérique au Québec pour le gouvernement québécois qui recommande d’insérer, dans les appels d'offres, des critères d’écoresponsabilité vis-à-vis des fournisseurs de solutions.

« La formation s’adresse aux acteurs qui conçoivent, déploient et maintiennent le système d'information dans l’organisation. »

Cyrille Maltot

CPFEP: Quelles compétences peuvent être appliquées concrètement en entreprise après avoir suivi la formation ?

CM : En premier, on acquière une démarche, une approche, c'est-à-dire qu’on commence par le commencement. Aujourd'hui, dans les approches numériques responsables, vous avez la prise de connaissance des outils ou des contraintes, ce qu’on appelle les requis de la norme. J’en parle dans la formation avec des exemples concrets. Ensuite, il faut savoir comment évaluer l'empreinte environnementale de son système d’information. Vous ne pouvez pas faire une amélioration de l'empreinte environnementale ou sociale de votre système d'information si vous ne savez pas mesurer un minimum son poids, son fameux impact à l'extérieur. Dans la formation je donne différentes méthodes pour y arriver, il y a des outils de base, des calculateurs, des solutions en ligne, etc. Ensuite, vous avez le plan, la définition du SI, mais dans une approche numérique responsable. On répond à la question : quels sont les devoirs des différents métiers pour commencer à changer le système d'information ? Maintenant qu'on sait le mesurer, que l’on connaît nos d'objectifs d'amélioration, comment le met-on en œuvre ? Quand on met bout à bout les métiers, on va tomber dans ceux qui connaissent une architecture avec des règles spécifiques.

CPFEP: Pourquoi les organisations devraient-elles mettre en place des pratiques écoresponsables ?

CM : Il vaut mieux agir que subir ! Le monde du numérique se dirige vers de profondes transformations et il vaut mieux anticiper ce qui sera moins coûteux et surtout le numérique est tellement une belle chose qu'il est quand même préférable de s'assurer qu'il soit utilisé pour la bonne cause et de la bonne façon. Vu les transformations qui sont en cours, c'est un très bon moment pour reprendre le contrôle du système d'information. Je pense que les gens comprennent qu’il est très invasif sous différents aspects et qu’il serait bien qu'on reprenne le contrôle dessus, donc il vaut mieux qu’ils aient un numérique qui les sert vraiment plutôt qu'un numérique subi.

Toutes les personnes, les communautés et les organisations qui se tournent vers un numérique différent et qui se sentent responsables, qui vont donc dans une réflexion, une innovation sur ce sujet important, se sentent beaucoup plus acteurs et leurs liens avec le numérique sont meilleurs parce qu'ils le reprennent en main. Ils le subissent beaucoup moins et ils décident de l'emmener quelque part. Beaucoup d'utilisateurs subissent, ils sont hyper connectés, ils travaillent dans dix systèmes différents, c'est difficile. Alors les personnes qui vont de l'avant sentent qu'ils sont en train de provoquer un changement.

Se préoccuper du numérique responsable, c'est se préoccuper de l'utilisateur. Un numérique qui nous fait utiliser des intelligences artificielles pour faire du travail à la place d'autres personnes compétentes et qualifiées, pour qui c’est leur métier, est-ce une méthode adéquate ? Dans quelle mesure est-ce bénéfique pour la société ? Ça provoque beaucoup de réflexions chez les gens. Je conclurai donc : reprenez le contrôle !

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*Organisation internationale de normalisation