Après avoir travaillé 35 ans comme inhalothérapeute et sur la 1re ligne pendant la pandémie, Linda Nadeau a donné un second souffle à sa carrière professionnelle. Son certificat en santé mentale lui a permis de préparer ce changement de carrière tout en travaillant. Parcours de cette diplômée de la FEP qui a décidé de continuer à aider les autres à respirer, différemment.
C’est un rêve de petite fille que son certificat en santé mentale lui a permis de réaliser. « J’ai toujours voulu aller à l’université et je l’ai finalement fait », explique Linda Nadeau, rayonnante d’une joie de vivre communicative. Puis, prenant une pause, la diplômée de la Faculté de l’éducation permanente s’illumine d’un large sourire avant d’ajouter : « Mes études ont transformé ma vie ».
Toute jeune retraitée du réseau des services de santé et des services sociaux, Mme Nadeau vient de commencer un nouveau chapitre de sa vie, une nouvelle carrière à l’Association lavalloise pour les amis du bien-être mental (ALPABEM). Dans ses nouvelles fonctions d’intervenante, elle soutient les proches des personnes confrontées à un problème de santé mentale et contribue à transformer leur quotidien. « Vous êtes le sourire dans mon désespoir » lui a-t-on confié, un jour, au cours d’une intervention.
Prendre soin des personnes à bout de souffle
Après avoir pris soin de la respiration de milliers de personnes durant les 35 ans de sa carrière, l’inhalothérapeute s’occupe désormais des gens à bout de souffle, ébranlés par les problèmes de santé mentale d’un être qui leur est cher.
Radical, ce changement de direction dans le parcours professionnel de Linda Nadeau s’est imposé, petit à petit, comme une évidence. « Dans les quinze dernières années, mon travail a beaucoup changé, c’est devenu plus lourd et je me suis rendu compte que la façon dont nous étions obligés de travailler ne correspondait plus à mes valeurs », raconte-t-elle.
Inhalothérapeute en salle d’opération dans un hôpital de Montréal, elle a vu se dégrader les conditions de travail et de service pour les personnes prises en charge. Courant après le temps pour prendre soin des autres, elle a fini par réaliser que ce qui l’avait poussée à choisir sa profession s’était volatilisé : « Les très rares journées de travail où j’avais eu le temps d’écouter les patients et patientes étaient mes plus belles ».
Lasse de devoir traiter des numéros de dossier plus que des êtres humains, Mme Nadeau a donc décidé de prendre sa destinée en main.
À l’époque, elle avait déjà fait appel aux services de l’ALPABEM. Le soutien qu’elle y a reçu l’a vraiment aidée à améliorer des relations difficiles avec une personne de son entourage souffrant de problèmes de santé mentale.
C’est une révélation. Mme Nadeau trouve des clés pour régler ces enjeux personnels, mais elle découvre aussi une nouvelle voie professionnelle. Elle pourra continuer à faire une différence en aidant les gens à reprendre leur souffle, un souffle coupé par les problèmes de santé mentale.
Un retour aux études à la cinquantaine
Tout en continuant à travailler à l’hôpital Sacré-Cœur trois jours par semaine et un jour comme bénévole à l’ALPABEM, Mme Nadeau se lance dans l’aventure d’un retour aux études, à 50 ans.
« Je rêvais d’aller à l’université depuis toujours, mais je n’étais pas certaine d’être capable de pouvoir étudier après tant d’années ». C’est avec beaucoup d’émotion qu’elle se souvient de son tout-premier cours : « Je me suis dit, mais qu’est-ce que je fais ici ? Heureusement, avec le temps, c’est devenu plus facile », se souvient la quinquagénaire dont l’excellence de ses travaux au certificat en santé mentale : fondements et pratiques d’intervention lui ont permis de remporter le Prix du doyen 2021.
Souvent doyenne de sa classe, dans la dizaine de cours qu’elle a suivis avant de décrocher son certificat, Linda Nadeau a fait de belles rencontres pendant ses études universitaires. Elle a notamment beaucoup appris de ses échanges avec les étudiants et étudiantes plus jeunes.
Son « mari en or », selon ses mots, a été son plus grand allié dans son changement de carrière, en lui permettant de concilier travail et études sans perdre le sourire. « Derrière ma réussite, il y a aussi le soutien de mon mari, un enseignant en éducation physique maintenant à la retraite. » Elle tient à souligner l’excellence des chargés et chargées de cours de la FEP : « C’est incroyable, tous étaient exceptionnels, passionnés et humains. »
Son certificat en poche, Mme Nadeau a été embauchée à l’ALPABEM en janvier 2022, après avoir officiellement pris sa retraite en novembre 2021. Quand son gestionnaire a appris que la FEP lançait un nouveau microprogramme en santé mentale de mentorat pour pairs aidants, destiné aux personnes rétablies pour aider leurs pairs d’une part et aux proches pour soutenir les familles d’autre part, il lui a proposé de financer cette nouvelle formation universitaire. Mme Nadeau a relevé le défi, une fois encore et toujours avec le sourire.
Convaincue que ses études à la FEP l’ont conduite à beaucoup plus qu’une nouvelle carrière, Linda Nadeau peut maintenant poursuivre sa mission d’ange-gardienne, mais dans le domaine de la santé mentale. « J’ai dû traverser beaucoup d’obstacles, cette expérience couplée à mon diplôme universitaire me permettent d’avoir un réel impact », conclut-elle en un soupir de satisfaction.
Pour en savoir plus sur le certificat en santé mentale : fondements et pratiques d’intervention et le microprogramme en santé mentale : mentorat pour pairs aidants.