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Tout savoir sur le métier de journaliste d’enquête avec Thomas Gerbet

Thomas Gerbet

Thomas Gerbet

La Faculté de l’éducation permanente (FEP) célèbre cette année le 50e anniversaire du certificat en journalisme multiplateforme. Pour l’occasion, elle retrace le parcours de certaines et certains de ses principaux protagonistes qui ont parcouru ses couloirs, fréquenté ses salles de cours et obtenu leur fameux diplôme entre ses murs. Pour le premier numéro de cette nouvelle chronique intitulée « Tout savoir sur le métier de journaliste », la FEP s’est entretenue avec Thomas Gerbet, diplômé du certificat en journalisme multiplateforme en 2008 et aujourd’hui journaliste d’enquête chez Radio-Canada.

Thomas Gerbet travaille pour Radio-Canada depuis bientôt quinze ans. Il a fait ses débuts en obtenant un stage à Rouyn-Noranda en 2008 et a ensuite fait ses preuves à Sudbury (Ontario) les trois années suivantes avant de revenir et de s’établir à Montréal. Spécialisé en radio à ses débuts, il a peu à peu goûté à d’autres domaines et notamment la télévision puis quelque temps plus tard à la presse écrite, toujours chez Radio-Canada. Originaire de France, il est arrivé au Québec avec une maîtrise de professeur d’éducation physique. Mais après ses premières expériences professionnelles, il décide de changer de métier. Après une complète introspection, il se dirige donc vers le métier de journaliste. C’est en 2007 qu’il s’inscrit au certificat en journalisme multiplateforme de la Faculté de l’éducation permanente (FEP) à Montréal et se met en tête de faire de la presse écrite coûte que coûte.

Q : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le métier de journaliste d’enquête ?

R : Mon but est de mener des enquêtes, comme le nom l’indique, et d’essayer de révéler des choses. Lors de mes balbutiements dans le métier, j’étais alors à Sudbury, les « affectateurs », c’est comme ça que l’on nomme les personnes qui nous donnent les sujets à traiter, m’ont confié un sujet qui ne m’intéressait pas du tout et j’ai passé une très mauvaise journée. J’ai pris mon courage à deux mains et le lendemain je suis arrivé avec une contre-proposition qui a été bien accueillie. Après cette réussite, j’ai commencé à faire cette démarche, d’arriver avec des idées. Ça a vraiment développé chez moi cette capacité à aller chercher des histoires originales, des scoops ! Je ne vais pas couvrir un évènement, mais c’est moi qui crée l’évènement en quelque sorte, en amenant un sujet d’intérêt public. Je révèle quelque chose. Il n’y a pas très longtemps, notre équipe a été rebaptisée « l’équipe d’impact », donc l’idée est vraiment de susciter des débats, un changement.

Q : Décrivez-nous votre journée type ?

R : Le matin je suis en direct au radiojournal dès 8h. Je le fais depuis chez moi via mon téléphone avec une qualité semblable à celle du studio. Ça, c’est super pour la conciliation travail-famille. Ensuite j’arrive au bureau et je cherche des histoires, des scoops à publier au plus tôt ou pour le lendemain. Vers 16h ou 17h, je rentre et je termine ma journée de travail depuis la maison quand tout le monde est couché. Je publie souvent des sujets le matin à la radio, mais aussi sur le web. Cependant, je peux passer trois jours à chercher des sujets, puis ne rien publier aussi.

Q : Au quotidien, quelles qualités ce métier demande-t-il ?

R : Il n’y a pas de profil type, mais tout de suite je vais parler de curiosité. C’est la base, car on a une âme d’enquêteur. Puis ensuite, il faut avoir la volonté de creuser, d’aller chercher. On doit essayer de ne pas se contenter de trouver seulement, mais d’aller plus loin. Il y a ce côté inquisiteur, si je me peux me permettre, de toujours douter et de se demander ce qu’on peut ajouter, ce qu’on peut faire de plus par rapport à une couverture de base. C’est un exercice mental de tous les jours pour juger de ce qui mériterait d’être su et développé. Nous sommes comme des gens qui ont le couteau entre les dents, avec cette excitation de toujours découvrir plus et de révéler quelque chose. Il faut également être très bien organisé pour mener des enquêtes et ça demande aussi beaucoup de psychologie par rapport à la gestion des sources et savoir garder la confidentialité de certaines. On les accompagne et leur explique les risques encourus et comment on va les protéger. Tout ça demande d’avoir une bonne pédagogie, il faut les mettre en confiance.  

Q : Y a-t-il un moment qui vous a marqué dans votre carrière?

R : Un des moments marquants de ma carrière, c’est quand j’ai été envoyé pendant trois mois en Inde comme correspondant. C’était en 2017 et je faisais des reportages avec mon téléphone. Ça faisait dix ans qu’on n’avait pas couvert ce pays chez Radio-Canada, qui est tout de même un pays assez important. Donc nous sommes allés là-bas pour faire un état des lieux du pays cette année-là. J’ai fait beaucoup de reportages sur la société indienne et son évolution, la vie quotidienne de la population et son développement. Sinon je garde aussi de bons souvenirs d’enquêtes que j’ai menées et qui ont apporté des changements législatifs, qui ont bouleversé la société.

« Je ne vais pas couvrir un évènement, mais je crée l’évènement en amenant un sujet d’intérêt public » – Thomas Gerbet

Q : Avec le recul, changeriez-vous quelque chose dans votre carrière professionnelle ?

R : Je n’ai pas de regret. J’ai fait un sacrifice dans ma vie personnelle en allant trois ans à Sudbury alors que ma conjointe était à Montréal et je ne regrette rien. C’est beaucoup plus facile de commencer comme ça, dans une région de plus petite envergure pour multiplier les reportages et se faire un nom. D’ailleurs je n’ai pas non plus d’ambition particulière, si je pouvais continuer de faire ce métier comme je le fais maintenant, je serais très heureux parce que ça fonctionne très bien comme ça.

Q : Et dans vos études ?

R : J’ai apprécié le fait que le certificat en journalisme à la FEP soit court. En quelque temps, je suis vraiment allé chercher une base de connaissances théorique et éthique assez solide. Ensuite, évidemment il faut se lancer dans le bain et pratiquer énormément, ce qu’offre le certificat. Je le dis souvent, j’ai beaucoup appris dans mes cours, mais aussi en tant qu’étudiant et rédacteur en chef au journal étudiant Quartier Libre. La complémentarité entre le savoir et le terrain a été la meilleure rampe de lancement dans mon métier. Radio-Canada ne m’aurait pas choisi s’ils avaient considéré que je n’étais pas opérationnel en sortant de l’université.

Q : Diriez-vous que la connaissance du multiplateforme est nécessaire dans votre profession ?

R : Pendant mon certificat en journalisme à la FEP j’ai suivi tous mes cours en écriture parce que comme je l’ai dit, ce que je voulais faire c’était de la presse écrite. Donc je m’étais abstenu de suivre des cours de radio ou des cours de télévision. Puis la vie a fait que j’ai eu un stage en radio et donc j’ai dû tout apprendre sur le tas. Ça aurait été une bonne chose pour moi de les suivre lors de mon certificat, même si je m’en suis tout de même sorti.

Dans le monde d’aujourd’hui, je pense qu’il est nécessaire d’avoir une palette de compétences la plus large possible et une formation multiplateforme est un luxe. Même si on finit par faire de la presse écrite, les journaux d’aujourd’hui font de plus en plus de vidéos, des balados, et finalement on se met à toucher à toutes les plateformes. Probablement que le métier de journaliste demande de plus en plus de maîtriser de nouveaux outils. C’est devenu vraiment indispensable. Avoir un cours pour apprendre à monter un site web peut être très utile par exemple.

Q : Que diriez-vous à un(e) aspirant(e) au certificat en journalisme multiplateforme pour le ou la conforter dans son choix de carrière ?

R : Le certificat offre une très bonne base, très complète, de formation en journalisme. Surtout lorsqu’il s’agit, comme moi, de personnes qui ont déjà commencé leurs études ou qui sont déjà dans le monde professionnel. C’est un superbe complément sans passer trop de temps à l’université. Il donne des bases théoriques assez solides. Je le répète, mais en parallèle, il est primordial de parfaire son expérience sur le terrain en étant actif, par exemple en étant rédacteur au journal étudiant ou dans un petit journal local.

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