Vanessa Forgues est une enseignante passionnée. Souriante, enjouée, on sent de suite qu’elle a à cœur la réussite de ses étudiantes et étudiants, et qu’elle leur donne le maximum. Sexologue au privé, propriétaire d’une clinique de sexothérapie et psychothérapie, directrice principale expertise et programmation dans le communautaire, et aussi maman, elle est une professionnelle active et impliquée. Les étudiantes et étudiants du certificat en sexualité de la Faculté de l’éducation permanente (FEP) de l’Université de Montréal ont la chance et le plaisir de l’avoir pour chargée de cours et de bénéficier de sa riche expérience professionnelle. Portrait.
C’est avec un grand sourire que Vanessa Forgues vous accueille. Elle aime enseigner et parler de son travail, ça se voit. Depuis quelques années, elle donne le cours Sexualité et troubles de santé mentale et le cours Éthique sexuelle, droits et responsabilités au certificat en sexualité : enjeux de société et pratiques d’intervention de la FEP. « J’aime enseigner au certificat à la FEP. Je trouve qu’il y a un bel esprit de collégialité et une grande motivation : tout le monde est là pour les mêmes raisons et prend de son temps personnel pour parfaire sa formation » explique-t-elle. « Ce qui me plaît particulièrement, c’est que les étudiantes et étudiants sont, pour la majorité, déjà sur le marché du travail. Cela donne lieu à des partages extrêmement riches : dans un même groupe, je peux avoir une personne qui travaille à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), une autre qui est infirmière. Je les implique dans les échanges en cours en leur demandant quelles interventions elles feraient dans tel ou tel cas. C’est très enrichissant pour le reste de la classe et pour moi aussi ! Cela permet de remettre en question les façons d’intervenir, ensemble, de façon constructive ».
Des cours ancrés dans la pratique, agrémentés d’exemples de cas cliniques qu’elle puise au quotidien dans sa pratique professionnelle : voici ce que propose Vanessa Forgues, à l’instar de tout le personnel enseignant de la FEP, issu des milieux professionnels.
Une passion pour la sexologie et la santé mentale
Depuis qu’elle a reçu le Larousse de la médecine pour ses 8 ans, Vanessa Forgues se passionne pour le domaine de la santé. Alors qu’elle n’est qu’une petite fille, sa décision est prise, elle travaillera dans ce domaine. Même si les livres d’anatomie de la bibliothèque n’ont plus de secret pour elle, c’est finalement vers la santé sexuelle, émotionnelle et mentale qu’elle se tourne. C’est ainsi qu’elle s’inscrit au baccalauréat en sexologie de l’Université du Québec à Montréal, la seule option à l’époque, et là, le coup de cœur se confirme. Elle s’oriente directement du baccalauréat vers la maîtrise clinique en sexologie.
À la fois intéressée par la sexologie et la santé mentale, elle commence à s’impliquer dès ses études en devenant bénévole dans un laboratoire de recherche en violences conjugales et agressions sexuelles. Cette première expérience lui permet de mettre une expérience sur son CV en lien avec ses études. « C’est vraiment un conseil que je donne à toutes les personnes qui étudient au certificat en sexualité de la FEP : impliquez-vous, c’est essentiel ! On entend beaucoup qu’il est difficile de trouver son premier emploi en intervention psychosociale, mais il existe des postes et on met toutes les chances de son côté si on a déjà une expérience, même comme bénévole. Une première expérience permet aussi de ne pas commencer au salaire minimum. Plus on commence tôt dans le domaine, plus on peut développer une carrière intéressante et avoir un bon salaire » partage la chargée de cours.
Un parcours professionnel inspirant pour ses étudiantes et étudiants au certificat
Forte de cette première expérience, elle obtient un emploi chez SOS grossesse Estrie pendant trois étés, puis une mission de recherche dans le cadre d’une étude à l’Institut national de santé publique. Elle travaille également dans une maison des jeunes et dans un collège privé où elle est porteuse de dossier pour l’éducation à la sexualité et la prévention en dépendance. Pendant sa maîtrise, elle travaille à Jeunesse j’écoute comme intervenante de nuit, où elle s’occupe principalement de crises. Sa stratégie d’implication porte ses fruits puisque dès la fin de sa maîtrise, elle est engagée comme superviseure clinique à Jeunesse j’écoute.
Sa maîtrise lui donne accès au permis de psychothérapeute en plus de sexologue. Elle ouvre ainsi avec quelques collègues la Clinique Accès-Sexologie, une clinique de psychothérapie et sexologie. « On a commencé tout petit en partageant nos frais de location de bureau et de site Web. Huit ans plus tard, nous sommes une trentaine de sexologues. En venant du communautaire, il était important pour nous d’offrir des services à tarif réduit aux personnes qui n’ont pas les moyens d’accéder à une consultation de sexologie. Nous avons été novateurs en la matière. Nous avons mis en place des partenariats avec des organismes communautaires, des CLSC, des CSSS. Nous avons donc pu offrir nos services à une clientèle plus marginalisée ou vulnérabilisée. L’accessibilité est au cœur de nos valeurs » explique Vanessa Forgues. L’accessibilité, mais aussi la transmission des connaissances, puisque la clinique reçoit chaque année des stagiaires qui offrent des services à tarif réduit aux personnes vulnérabilisées.
En plus de cette aventure entrepreneuriale, la chargée de cours continue de s’investir dans le communautaire et le privé, puisqu’elle devient ensuite cheffe de programme au Service d’intervention en santé mentale Espoir, puis cheffe d’équipe des gestionnaires cliniques chez Homewood santé, où elle supervise des évaluations spécialisées mandatées par les employeurs, jusqu’à devenir aujourd’hui directrice principale expertise et programmation au YMCA.
Ses étudiantes et étudiants au certificat en sexualité bénéficient donc de son expérience actualisée au jour le jour. « Le fait de travailler dans des domaines connexes et variées me motive particulièrement. J’aime ce que je fais, ça me nourrit » confie-t-elle. La complémentarité de ses activités améliore aussi la qualité de son enseignement puisqu’elle peut partager des cas cliniques anonymisés du privé et du communautaire pendant les cours.
Une chargée de cours empathique et des cours ancrés dans la pratique
Dès la fin de sa maîtrise, Vanessa Forgues enseigne dans des écoles de massothérapie comme chargée de cours. Depuis, elle n’a jamais arrêté de transmettre sa passion. Elle commence par enseigner un cours sur la relation d’aide et les techniques d’entrevue, puis un cours sur la sexualité et la pratique professionnelle. Elle est ainsi rapidement repérée par la Faculté de l’éducation permanente pour enseigner au certificat en sexualité.
« J’aime la transmission de connaissances. J’aime tout particulièrement vulgariser les concepts et aider les étudiantes et étudiants à intégrer du contenu. Je trouve très intéressant de suivre l’évolution de la qualité de leur réflexion clinique. Cette transmission de connaissances est aussi pour moi une façon de promouvoir les meilleures pratiques en intervention, d’être ensemble des acteurs et actrices du changement dans les façons d’intervenir auprès des personnes vulnérabilisées » raconte la chargée de cours. Elle poursuit : « Je veux que mon cours soit utile et pertinent. Mes examens ne sont jamais des pièges. Je donne beaucoup d’outils pratiques. D’ailleurs, certains étudiants et étudiantes les utilisent dans leur milieu de travail dès le lendemain du cours ».
Son conseil aux étudiantes et étudiants ? L’organisation et la planification de l’horaire pour naviguer entre différentes occupations puisque la plupart des personnes qui suivent ses cours travaillent à temps plein. Elle-même n’a pas hésité à enseigner avec son bébé dans les bras, durant son congé maternité, tout comme beaucoup d’étudiantes expliquent qu’elles ont suivi les cours avec leur bébé. C’est ce qui fait l’empathie réputée des chargé(e)s de cours envers les étudiant(e)s de la FEP. Tout le monde vit les mêmes enjeux de conciliation études-vie professionnelle-vie personnelle.
Elle les encourage également à se fixer des objectifs et à créer des contacts avec les étudiant(e)s et chargé(e)s de cours du certificat. « On ne sait jamais l’impact que cela peut avoir dans le futur. Je donne beaucoup de lettres de référence, j’ai collaboré avec d’anciens étudiant(e)s sur des projets professionnels. Les relations nouées pendant le certificat en sexualité peuvent vous ouvrir des portes, que ce soit avec les enseignant(e)s ou les étudiant(e)s. Si vous vous êtes un peu impliqué dans le cours, il y a de grandes chances que je me souvienne de vous, même une fois votre diplôme reçu » confie-t-elle.
Pour en savoir plus sur le certificat en sexualité : enjeux de société et pratiques d’intervention