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Tout savoir sur le métier de journaliste sportif avec Philippe Crépeau

Philippe Crépeau

Philippe Crépeau

Philippe Crépeau, Montréalais d’origine, débute sa carrière à Paris pour Radio-Canada. Passionné de sport depuis toujours, il aspire à couvrir cet univers. Après trois ans dans la capitale française en qualité de correspondant et quelques aller-retour au Québec, il acquiert une expérience précieuse tout en développant ses compétences professionnelles. Son lien privilégié avec le bureau de Montréal demeure, car il y revient occasionnellement pour travailler dans le service des sports de Radio-Canada.

En 1990, sa carrière fait un bond lorsqu’il entend parler d’une chaîne de télévision multilingue basée à Londres, European Sports Network (ESN), qui couvre les sports nord-américains. Désireux de percer dans le métier, Philippe Crépeau saisi l’opportunité et commente ainsi le Super Bowl de 1990 entre les 49ers de San Francisco et les Broncos de Denver. Sa fabuleuse carrière de journaliste sportif commence alors.

Depuis, il couvre de nombreux événements sportifs, notamment plusieurs Jeux olympiques, été comme hiver. La Faculté de l’éducation permanente (FEP) s’est entretenue avec son ancien poulain.

Q : Quelle formation avez-vous suivie pour devenir journaliste sportif ?

R : J’ai commencé au collège Stanislas à Montréal et je me souviens avoir dit un jour à ma mère que je voulais travailler dans l’économie. Quelque part je rêvais de devenir journaliste sportif, mais je ne me faisais guère d’illusion. Mes parents étaient dans l’enseignement, donc je ne me voyais pas dans les médias. Puis je suis allé au Cégep du Bois de Boulogne et là on m’a offert des cours de télé, de cinéma et je m’occupais de la radio étudiante. La possibilité de devenir journaliste s’ouvrait un peu plus à moi. Après cela je suis allé à l’Université de Montréal et j’ai complété trois certificats : Arts et sciences pour me donner une idée de ce qu’était l’université, les sciences de la communication qui donnaient une idée générale de la discipline et qui me permettaient de me rapprocher du journalisme et quand j’ai été sûr de moi et de ce que je voulais faire, j’ai choisi le certificat information et journalisme de la FEP. J’ai appris comment écrire et à partir de ce moment-là, c’est devenu très intéressant. J’ai donc obtenu un baccalauréat ès arts en 1987. Pendant mes études, je m’occupais de la radio étudiante où j’animais des bulletins et mon émission de sport. C’est comme ça que j’ai bâti mes premières expériences de journaliste sportif. Je vivais littéralement sur le campus, dans les locaux de la radio. Ensuite, j’ai eu la chance de poursuivre mes études à Paris. Parallèlement à ça, je frappais à la porte de Radio-Canada, car à l’époque il y avait un grand bureau dans la capitale française. Il y est toujours, mais beaucoup plus petit. C’était Jean-François Lépine que je contactais et qui relayait ma demande au directeur de l’information. Au bout d’un moment, comme je leur écrivais souvent, ils m’ont offert un poste de pigiste. Pour commencer, ça faisait l’affaire.

Q : Au quotidien, qu’est-ce qui vous transporte dans votre profession ? Changeriez-vous quelque chose dans votre choix d’orientation ?

R : Si j’ai choisi ce métier, c’est parce que j’aime l’émotion et j’aime essayer de la transmettre. Il n’y a pas plus brute et sincère que l’émotion d’un athlète. Que ce soit quand il gagne ou quand il perd. Pour moi, le sport c’est aussi de la télévision. J’ai toujours eu du mal avec la radio parce que l’émotion est plus difficile à transmettre.

J’ai eu la chance de pouvoir travailler chez Radio-Canada, je ne me voyais pas ailleurs. Je ne changerais rien, car c’est le parcours que je souhaitais avoir.

Q : Quels sont le ou les moment(s) qui ont marqué votre carrière et qui ont façonné votre métier ?

R : Pour moi il y en a eu deux. Le premier est l’arrivée des chaînes d’information continue en 1995 et l’arrivée puis l’essor des réseaux sociaux. Ces deux changements ont vraiment changé la façon de transmettre l’information. Étant un journaliste de l’ancienne génération, je ne peux pas dire que cela a fait du bien à la profession, car toute notre capacité d’analyse et de réflexion est passée à la trappe, parce qu’il faut aller de plus en plus vite. En 1995, avec l’information continue, on ne demandait plus au journaliste de préparer un reportage pour le soir même, on lui demandait d’être rapidement à l’antenne. Le rythme n’était plus le même et les technologies non plus. Depuis ce chamboulement, les gens n’attendent plus le soir pour s’informer ou le lendemain, mais ils veulent l’information en direct.

Avec les réseaux sociaux, c’était encore différent. Il a fallu s’adapter et j’ai appelé cette nouvelle étape, la génération des cent-quarante caractères. Par la suite, Twitter a changé le nombre de caractères par deux-cent-quatre-vingts. C’était plutôt une bonne idée pour informer le public rapidement et leur indiquer d’aller se renseigner sur le site web par exemple. Malheureusement, l’effet pervers c’est que les gens ne suivent que leurs réseaux sociaux, donc ils n’ont jamais une version complète et juste de l’information.

Q : Diriez-vous que la connaissance du multiplateforme est nécessaire dans votre profession ?

R : Effectivement, nous n’avons pas la même façon de travailler aujourd’hui qu’il y a vingt ans ou plus. On a commencé à travailler sur le web en 1997 au service des sports de Radio-Canada à Montréal. Pour l’anecdote, l’ordinateur était dans notre garde-robe, caché derrière les manteaux. Il y avait un seul ordinateur, mais on ne l’utilisait pas jusqu’à cette année-là. Ensuite, on a eu un deuxième ordinateur, puis ça a commencé à se développer. Depuis les années 2000, notre présence sur le web n’a pas cessé de grimper. On a même scindé l’équipe en deux : une équipe télévision et une équipe web, dont je faisais partie. En 2002, j’ai été envoyé aux Jeux olympiques de Salt Lake City comme reporter web, c’était une de mes premières expériences. J’ai dû faire un travail intérieur et m’adapter à ce nouveau média, moi qui n’avais fait que de la télévision avant. La couverture web avait autant d’importance que la couverture télé déjà dans ces années-là. On s’est vite rendu compte que le web nous apportait une troisième antenne : radio, télévision et maintenant le web.

Q : Auriez-vous trouvé utile d’avoir accès à un cours sur le multiplateforme lors de vos études ?

R : Le service des sports de Radio-Canada Montréal a été le premier service à être multiplateforme. Nous avons été les cobayes du multiplateforme et à partir de 2008 on a reçu beaucoup de formations dans ce domaine pour savoir comment utiliser les réseaux sociaux, comment pouvoir synthétiser l’information sur le fil, comment intégrer des images et comment monter des vidéos. Notre génération n’était pas habituée à ce rythme de travail assez soutenu quand on regarde bien.

Donc oui, suivre un cours sur le multiplateforme est un atout à notre époque, mais on ne peut pas être bon et performant dans tout. Il y a des journalistes qui excellent dans l’écriture radio, d’autres en télévision et d’autres encore en écriture web. Ce sont trois styles d’écritures complètement différents. Chez Radio-Canada, on a maintenant une équipe qui est exclusivement concentrée sur les réseaux sociaux à temps plein, des jeunes qui font des choses extraordinaires, comme des balados très pratiques et qui fonctionnent très bien.

Q : Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un(e) aspirant(e) au certificat en journalisme multiplateforme ?

R : Il faut toujours faire preuve d’une grande curiosité et expérimenter plusieurs domaines. La curiosité est vraiment une qualité essentielle chez un journaliste. Ce ne sont pas forcément ceux qui ont le plus d’expérience qui réussissent, mais ceux qui ont envie d’apprendre.

Comment fait-on un bon reportage ? Les fameux cinq W en anglais (ndlr : What, Why, Where, When, Who) qu’on apprend pour bâtir un reportage solide dans le but d’informer avec exactitude ou du moins le mieux possible, sont essentiels. Pour être journaliste, quel que soit le domaine de prédilection, il faut avoir une base solide.

Pour en savoir plus sur le certificat en journalisme multiplateforme

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