En cumulant plusieurs programmes de premier cycle, David Fréquelin sera diplômé du baccalauréat par cumul, à cinquante ans passés. Une véritable consécration pour cet infirmier, qui a fait le choix du retour aux études grâce à la Faculté de l’éducation permanente pour parfaire ses connaissances et actualiser ses compétences dans le milieu de la santé.
David Fréquelin est né à Béthisy-Saint-Pierre, petite commune française située au pourtour de la célèbre forêt de Compiègne. Avec une formation en boulangerie et pâtisserie en poche, il décide de voyager et de tenter sa chance au Québec en 1997. Pendant plus de huit ans, il travaille dans son domaine, mais à la suite à d’un remaniement de personnel, il perd son gagne-pain. À la recherche d’un nouvel emploi, David se voit proposer un retour aux études. « J’avais trente-six ans et ça faisait extrêmement longtemps que j’avais arrêté les études, explique l’ex-boulanger qui voit cette proposition comme une opportunité de se diriger vers un métier qu’il affectionne. Finalement, je suis reparti en secondaire 1, à trente-six ans. » Motivé à l’idée de retrouver le monde professionnel, David met les bouchées doubles et atteint le niveau de secondaire 5 en un an, après avoir suivi une formation accélérée pour adultes. Fort de sa réussite, il s’inscrit au Cégep du Vieux-Montréal en soins infirmiers et obtient son diplôme d'études collégiales (DEC) en 2013. « Je n’étais pas là pour niaiser », reprend-il avec le sourire et un brin de fierté.
Grâce à son diplôme, David rejoint les rangs de l'Hôpital en santé mentale Rivière-des-Prairies en 2014, en tant qu’infirmier en urgence pédopsychiatrique. Aux alentours de 2018, il s’intéresse aux études supérieures « sur un coup de tête » pour reprendre ses mots, après avoir entendu des bruits de couloirs élogieux sur la possibilité de parfaire ses connaissances et ses compétences dans le milieu de la santé. En effet, l'Hôpital en santé mentale Rivière-des-Prairies est un établissement affilié au Réseau universitaire intégré de santé (RUIS) de l’Université de Montréal. « De nombreux collègues retournaient à l'université dans le but d'améliorer leurs connaissances. Je me suis dit, pourquoi pas moi ? ». Une aubaine pour David qui voit l’occasion de développer ses compétences et d’évoluer dans son métier. Il se tourne alors vers la Faculté de l’éducation permanente (FEP) de l’Université de Montréal et s’inscrit au certificat en santé mentale : fondements et pratiques d’intervention. « C’était une parfaite opportunité d’évoluer à travers ce que je faisais au quotidien. Puis ce certificat en santé mentale est en fait comme une clef qui m’a permis d’ouvrir bien des portes. J’ai suivi un cours sur le deuil qui m’a été très utile pour aborder ce sujet délicat et réussir à le faire comprendre à de jeunes patients », se souvient le professionnel en santé mentale.
Cinquante ans et le Baccap en vue
À l’issue de son certificat en santé mentale qu’il obtient en 2019 et comme il occupe un poste 7/quinzaine, David enchaîne avec le certificat d’intervention en déficience intellectuelle et en troubles du spectre de l’autisme. « Avec le travail, l’éducation de ma petite fille de dix ans et ma maison à entretenir, je dois dire que je suis plutôt soulagé de pouvoir suivre mes cours à temps partiel, explique David. La pandémie de Covid-19 a ralenti ma progression, mais j’ai eu la possibilité de m’inscrire simultanément au certificat en gestion des services de santé et des services sociaux dans le but de compléter mon baccalauréat par cumul en fondements et pratiques en sciences sociales et santé. » Depuis 2023, il suit donc des cours qui lui permettent de mieux cerner comment la structure de la santé fonctionne, de mieux comprendre la gouvernance, l’organisation et le financement des services.
La spécificité du certificat en gestion des services de santé et des services sociaux réside dans le fait que tous les cours sont donnés à distance. S’il n’est pas issu d’une génération qui est à l’aise avec l’informatique, David est néanmoins soulagé et loue les avantages des cours en ligne qui lui permettent de rester à son domicile et d’éviter le déplacement jusqu’à l’Université depuis Laval, où il vit. « Je n’ai pas de véhicule, je me déplace parfois en autobus ou en métro. Sinon je prends mon vélo ou je fais de la course à pied pour aller jusqu'au travail, je suis à sept kilomètres, ça se fait bien », explique David qui surprend tout de même ses collègues lorsqu’il arrive à l’hôpital à bicyclette, en pleine tempête de neige. « Je suis quelqu'un qui est capable d'avancer malgré les obstacles. Mes collègues sont surpris, mais m'encouragent. Ils sont même impressionnés par ma capacité d'avancer justement, que ce soit face à la neige ou face aux défis du quotidien. Ça me permet d'être fier de moi à travers tout ce que j’entreprends. »
Pourtant fort de dix ans d’expérience, l’infirmier est conscient que les cours qu’il a suivis et qu’il suit encore lui offrent de précieux outils pour mener à bien sa carrière professionnelle. « Avec tout ce que j’ai appris et ce que j’apprends encore aujourd’hui, je remarque que j’ai développé des connaissances et donc mes compétences pour mieux gérer mes interventions avec les patients, comme notamment savoir garder les distances nécessaires selon le patient justement, explique David. C'est très important de garder un espace. On vit tellement de choses qu’on peut vite être impacté par les histoires qu'on entend ou les choses qu'on voit. » C’est aussi un moyen pour David de gravir les échelons. « En cumulant dix ans d'expérience et mes connaissances acquises grâce aux certificats, je songerai peut-être à devenir responsable d'une équipe lorsque j’obtiendrai mon baccalauréat par cumul. Utiliser mes compétences pour l'utilité de tout le monde, ça serait quelque chose d'intéressant. » Pour les deux prochaines années, David va continuer de développer ses compétences au moyen des études, mais aussi au sein de son service en santé mentale pour les jeunes. « Deux ans, ça peut paraître long, mais le temps est la plus belle chose au monde. Plus que l'argent, parce que le temps on ne peut pas le reprendre. Une fois que tu l’as pris ou donné, c'est passé. » Lorsque viendra le temps de célébrer son baccalauréat par cumul, David aura encore de belles années devant lui pour réaliser ses projets professionnels.
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