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Reprendre ses études de droit à zéro en émigrant au Québec : défi relevé pour Nephtalie Bernadeau

Pétillante, ambitieuse et déterminée, Nephtalie Bernadeau a un rêve en tête : travailler dans le milieu juridique. Diplômée d’un baccalauréat par cumul de certificats à la Faculté de l’éducation permanente (FEP) de l’Université de Montréal, elle construit pas à pas son parcours pour y arriver. Portrait d’une jeune maman immigrante qui travaille à temps plein et qui n’a pas hésité à reprendre ses études à zéro en arrivant au Québec.

Nephtalie Bernadeau a toujours été une étudiante brillante. En Haïti, dont elle est originaire, elle étudiait au baccalauréat en droit et était dans la dernière ligne droite pour recevoir son grade. Cependant, après trois années sur les quatre nécessaires à la remise du diplôme, sa famille décide de quitter Haïti pour s’installer au Québec en 2017. N’ayant pas d’équivalence universitaire, il lui faut tout recommencer. « Après deux ans, le temps nécessaire pour m’installer, comprendre le système québécois et commencer à travailler, j’étais prête à retourner aux études et à poursuivre mon objectif », explique-t-elle. Rien d’insurmontable en effet pour la jeune fille dynamique et volontaire qui croit en son travail assidu pour atteindre son rêve.

Ce rêve, elle le chérit depuis qu’elle a dix ans. Très consciente des injustices sociales, elle s’investit dès l’adolescence dans sa communauté. « J’ai participé à des projets d’alphabétisation en Haïti, car je trouvais tout simplement juste de redonner quand moi, j’ai tant reçu », partage la jeune femme. Mais c’est surtout lorsqu’elle se rend compte combien un crime non jugé par la justice peut impacter la vie de familles entières, voire de générations, qu’elle s’intéresse au droit et décide de devenir plus tard avocate. À l’âge de 17 ans, elle sait convaincre et plaider, au point de gagner le premier prix du concours de plaidoirie que la délégation de l’Union européenne organise en Haïti.

C’est la FEP qui lui permettra de remettre le pied à l’étrier et de poursuivre ses études de droit en arrivant au Québec.

Un certificat en droit puis en enquête et renseignement

En découvrant la FEP, Nephtalie Bernadeau se rend compte qu’elle peut allier le meilleur des deux mondes : continuer de travailler et étudier au certificat en droit grâce à ses cours de soir et de fin de semaine. « J’ai tout de suite été attirée par la flexibilité des horaires de la FEP. Ils permettent aux personnes comme moi, qui sont immigrantes et qui doivent s’installer, mais qui doivent surtout travailler très rapidement, de reprendre leurs études. En arrivant au Québec, on a dû redémarrer de zéro avec ma mère et ma sœur donc je devais absolument travailler à temps plein. Ce programme me permettait d’avoir le niveau de vie que je souhaitais et d’étudier en même temps », explique la diplômée, qui a très vite obtenu un emploi comme adjointe juridique et évolué à son poste grâce à son certificat en droit.

Dotée d’une grande force de travail, elle enchaîne donc cours à temps plein, travail à temps plein et même un bébé. La barre est haute, même très haute, mais Nephtalie a un objectif précis : le baccalauréat par cumul de certificats. C’est ainsi qu’elle continue avec un certificat  en droit social et du travail à l’Université du Québec à Montréal et le certificat en enquête et renseignement de la FEP. Pour décompresser, elle chante de la musique soul américaine ou encore de la chanson française. Elle pratique également la danse folklorique haïtienne, peint, écrit sur son pays, Haïti. « Je suis une personne très rationnelle. Pour maintenir mon équilibre, j’ai besoin de m’exprimer. Je le fais à travers l’art », confie la jeune femme, à la fois sérieuse et spontanée.

Les cours en ligne soulagent, bien sûr, la pression dans son agenda. La grande majorité des cours de la FEP étant offerts en ligne, elle économise beaucoup d’énergie et de temps de transport.

Dans ses cours à la FEP, elle apprécie beaucoup la richesse des différents profils étudiants. « Le fait que les étudiantes et étudiants aient des profils professionnels variés enrichit notre parcours. Par exemple, au certificat en enquête et renseignement, j’ai étudié avec une personne qui avait fait une technique policière, une autre qui travaillait au CAVAC, le centre d’aide aux victimes d’actes criminels et j’apprenais tous les jours d’elles, partage Nephtalie. Au départ, ce sont les cours de droit qui m’ont menée au certificat en enquête et renseignement et finalement, j’ai été passionnée par tous les cours, notamment le cours sur les stratégies d’enquête ou le dernier cours, l’activité d’intégration en enquête où nous avons dû faire un rapport d’enquête et une simulation de témoignage à la Cour. C’était très pratique et j’ai beaucoup aimé. Je me suis aussi rendu compte que cela pouvait être très utile dans une éventuelle carrière d’avocate puisque l’enquête est nécessaire pour aider à établir la vérité. C’est un bon complément à mes deux certificats en droit. »

Étudier en travaillant et en étant maman : défi relevé

« Je n’ai jamais autant été investie dans mes études que quand je suis tombée enceinte, lors de mon troisième certificat. J’ai toujours aimé les études, mais là, c’est comme si mes études prenaient tout leur sens parce que je devenais maman. Je le faisais pour d’autres raisons. Quand mon fils me dira « je ne suis pas capable », je lui dirai : mais si, on l’a fait ensemble. Tu étais dans mon ventre et j’étudiais à la bibliothèque. Je veux qu’il sache qu’en se donnant les moyens, on peut y arriver », explique la jeune maman.

Elle enchaîne donc cours, allaitement et travail grâce, notamment, au soutien indéfectible de sa famille. « Je dirais que le défi dans mon retour aux études a été l’équilibre travail-étude-vie familiale, mais j’ai eu beaucoup d’aide. Mon conjoint a toujours été là pour m’encourager. Il faisait le souper, préparait mes boîtes à lunch, bref, me soutenait vraiment dans son rôle de partenaire de vie. Ma mère aussi m’a apporté à manger pour que je reste concentrée. C’est tout cet entourage qui m’a permis de réussir. Moi, je me concentrais sur mes études et mon bébé. C’était très important pour moi que mon fils ne manque de rien, même s’il avait une mère aux études. Ce n’est pas parce que j’étudiais que j’étais moins présente pour lui. Je voulais que ce soient deux priorités à parts égales. Mes deux dernières sessions après sa naissance ont d’ailleurs été mes deux meilleures en termes de notes », explique la diplômée, reconnaissante.

Elle peut également compter sur des chargés de cours très compréhensifs. Elle explique : « Je me souviens de Michel Comeau ou de Michel Saint-Yves au certificat en enquête et renseignement, qui, en plus d’être excellents enseignants, étaient très compréhensifs de ma situation de maman. Lorsque je devais nourrir ou endormir mon bébé à une certaine heure pendant le cours, ils s’adaptaient pour que mon groupe de travail fasse ses présentations à un horaire qui le permettait ».

Maintenant qu’elle est bachelière, Nephtalie Bernadeau souhaite se concentrer sur son fils de cinq mois et profiter avec lui du temps qu’il lui reste de congé maternité : « Je veux qu’il m’ait à 100 % puisqu’il a dû me partager pendant mes études. Ensuite, je reprendrai le travail. En ce moment les rôles qui m’enchanteraient seraient ceux de greffière-audiencière ou parajuriste et je continuerai mon parcours pour atteindre mon rêve et devenir une référence dans le monde juridique ». Avec une telle détermination, nul doute qu’elle y arrivera.

Pour en savoir plus sur le certificat en droit.

Pour en savoir plus sur le certificat en enquête et renseignement