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Pourquoi être bilingue ne suffit pas pour être traducteur

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C’est une croyance très répandue, un mythe tenace. Être bilingue suffirait pour devenir traducteur professionnel. C’est peut-être la raison pour laquelle cette profession passionnante connaît un attrait croissant, comme en témoignent les inscriptions aux certificats de traduction 1 et 2 de la Faculté de l’éducation permanente (FEP). Pourtant, la traduction est un art subtil, qui allie méthodologie rigoureuse et compétences précises, exercé par des professionnels qui ne laissent pas de place à l’à-peu-près.

Si la connaissance d’une deuxième langue est en effet une condition sine qua none pour envisager la profession de traducteur, il n’en reste pas moins qu’elle exige des compétences particulières, au même titre que beaucoup d’autres métiers comme la comptabilité, les soins infirmiers ou l’enseignement. « Ce n’est pas parce qu’on sait compter qu’on est comptable pour autant » partage d’emblée Atissa Béland, traductrice agréée et chargée de cours aux certificats de traduction 1 et 2 de la FEP et au Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal. Elle poursuit : « Traduire, ce n’est pas seulement écrire des mots dans une autre langue. Il faut tenir compte du contexte, choisir la tonalité et le niveau de langue appropriés et suivre une méthodologie rigoureuse afin de ne pas aboutir à une traduction littérale non idiomatique et non naturelle. Celle-ci consiste à prendre connaissance du texte et à le comprendre, certes, mais aussi à bien faire ses recherches terminologiques pour s’assurer d’utiliser le vocabulaire adéquat selon le domaine, qu’il soit économique, médical ou littéraire, par exemple. Enfin, on procède à la traduction, puis au contrôle de qualité final ».

Cette rigueur est d’autant plus importante qu’une traduction de mauvaise qualité peut nuire à la réputation d’une organisation quand il s’agit de contrats, ou même mettre en danger la vie des personnes quand il s’agit de modes d’emploi ou de notices de médicaments, par exemple.

Pour ceux et celles qui pensaient se lancer dans cette profession facilement grâce à leur bilinguisme, pas de panique : cette méthodologie s’apprend et ces compétences s’acquièrent dans le cadre d’études universitaires en traduction.

Maîtriser la langue dans laquelle on traduit

Maîtriser la langue d’arrivée sous toutes ses coutures est primordial quand on souhaite devenir traducteur ou traductrice. Autrement dit, quand on veut traduire de l’anglais vers le français, il faut très bien comprendre l’anglais bien sûr, afin de pouvoir décoder le message, mais aussi très bien écrire en français et donc maîtriser la grammaire, l’orthographe, la syntaxe ou encore la ponctuation. Un test de français est même exigé en plus du test d’anglais comme condition préalable à l’admission au certificat de traduction I de la FEP.

Avoir une bonne méthode de recherche

Selon les domaines, en biologie, en ingénierie ou en informatique par exemple, il est normal de ne pas maîtriser dès le départ tout le vocabulaire technique. Le traducteur ou la traductrice doit donc effectuer des recherches pour s’assurer que le vocabulaire et les expressions utilisés sont bien ceux employés par les professionnels de la discipline. Cette recherche implique tout un processus cognitif et un travail appliqué dont on n’a pas forcément conscience avant de se lancer dans cette profession. Il s’agit de s’immerger dans l’univers de l’auteur du texte pour qu’il soit entièrement transféré dans la langue d’arrivée.

Maîtriser la traduction 2.0

Beaucoup de ces recherches se font par l’entremise d’outils technologiques d’aide à la traduction dont la maîtrise est nécessaire pour exercer. C’est pourquoi plusieurs cours des certificats de traduction 1 et 2 ont été actualisés récemment et portent même exclusivement sur la connaissance de ces outils, comme le cours d’outils informatiques pour langagiers, le cours d’outils informatiques avancés ou encore le cours de traduction professionnelle assistée par ordinateur.

Savoir moduler

En musique, la modulation est le passage d’une tonalité à l’autre. C’est un peu ce que doivent faire les traducteurs et traductrices dans leur quotidien. Certains textes, dans le secteur de la publicité par exemple, jouent sur des références culturelles ou comprennent des jeux de mots qui sont tout simplement impossibles à traduire tels quels. Le traducteur doit donc apprendre à s’approprier le texte pour proposer une traduction qui produira le même effet, mais en passant par une référence qui aura plus de sens dans la langue d’arrivée.

Acquérir une bonne méthodologie de révision

Pour effectuer des traductions en bonne et due forme, il est important d’intégrer au processus de traduction l’étape du contrôle qualité. Une fois que le texte est traduit, il reste tout un travail de révision à effectuer. Il faut par exemple repérer les interférences linguistiques (calques, anglicismes, etc.) et respecter les conventions d’écriture (la typographie, notamment). « La révision d’un texte consiste à le relire pour, d’une part, vérifier la fidélité au sens de l’original et s’assurer qu’aucune information n’a été oubliée, et d’autre part, pour veiller au respect du code linguistique (corriger les fautes de grammaire, les coquilles, etc.). Cette étape est essentielle et ne doit pas être négligée. Elle est plus longue qu’on ne le croit. D’ailleurs, je donne des cours qui portent exclusivement sur la révision de textes! » souligne Atissa Béland.

Connaître le domaine dans lequel on traduit

Il n’est pas nécessaire d’être économiste pour traduire un texte économique. Toutefois, on imagine bien que sans savoir ce qu’est l’inflation, par exemple, l’exercice va être plus difficile et la traduction peut-être moins précise. Il importe de préciser que le vocabulaire, la terminologie et la phraséologie d’un domaine de spécialité s’apprennent, d’abord dans les cours à l’université où les étudiants et les étudiantes sont initiés à différents domaines, puis sur le terrain, auprès de langagiers et langagières chevronnés du domaine.

Les doubles compétences sont appréciées dans le domaine de la traduction et sont de plus en plus un critère de différenciation sur le marché. Selon Louis Poirier, responsable des certificats de traduction 1 et 2 de la FEP, « les doubles compétences sont très appréciées par les employeurs. Beaucoup de candidats au certificat de traduction 1 arrivent avec une formation préalable et c’est un atout pour se spécialiser dans leur domaine. Un étudiant avec un baccalauréat en droit, par exemple, part avec une avance certaine pour traduire des textes de nature juridique s’il acquiert la méthodologie enseignée dans les cours des certificats de traduction. Après le certificat de traduction 1 qui permet d’acquérir les fondements de la traduction, le certificat de traduction 2 permet d’ailleurs de se spécialiser grâce à sept cours spécifiques sur la traduction en santé, en littérature ou encore en finance ou en environnement. »

Avoir une bonne culture générale

La traduction est une profession passionnante en raison de la variété de textes qu’on peut être amené à traduire : de la littérature, des contrats ou encore des discours politiques. Il faut aimer les mots, aimer les manier mais aussi aimer se plonger dans les univers que l’on traduit… Une bonne culture générale et un intérêt pour l’actualité rendront ce travail plus facile et d’autant plus intéressant. ­­­

Obtenir un agrément

Peut traduire qui veut. Mais si l’on souhaite offrir un travail de qualité, trouver facilement des contrats et vivre de cette profession, l’agrément professionnel de l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ) est un atout important; il signifie que la personne possède les compétences professionnelles reconnues par l’Ordre. D’ailleurs, de plus en plus d’employeurs l’exigent. Bonne nouvelle :  les deux certificats de traduction de la FEP obtenus dans le cadre d’un baccalauréat par cumul ou ajoutés à un baccalauréat déjà complété permettent d’obtenir le titre de traducteur agréé (trad.a) auprès de l’OTTIAQ. Les programmes sont aussi reconnus par le Bureau de la traduction du gouvernement du Canada.

 

Pour en savoir plus sur le certificat de traduction 1.

Pour en savoir plus sur le certificat de traduction 2.

Lire l’article Réorienter sa carrière vers la traduction professionnelle.

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